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Une citation de Stefan ZWEIG — Voyages (1902-1939)

« Regarde-les donc bien, ces apatrides, toi qui as la chance de savoir où sont ta 
maison et ton pays, toi qui à ton retour de voyage trouves ta chambre et ton lit 
prêts, qui as autour de toi les livres que tu aimes et les ustensiles auxquels 
tu es habitué. Regarde-les bien, ces déracinés, toi qui as la chance de savoir 
de quoi tu vis et pour qui, afin de comprendre avec humilité à quel point 
le hasard t'a favorisé par rapport aux autres. 
Regarde-les bien, ces hommes entassés à l'arrière du bateau et va vers eux, 
parle-leur, car cette simple démarche, aller vers eux, est déjà une consolation ; 
et tandis que tu leur adresses la parole dans leur langue, ils aspirent 
inconsciemment une bouffée de l'air de leur pays natal
 et leurs yeux s'éclairent et deviennent éloquents. »
Stefan ZWEIG — Voyages (1902-1939)